Contenir la proximité : la sécuritisation de l’espace frontalier égypto-palestinien
L’espace frontalier égypto-palestinien est marqué par des reconfigurations politiques et territoriales qui résultent en partie de changements de perceptions des régimes égyptiens successifs vis-à-vis de cette zone. En raison de la proximité territoriale, principalement, il est associé à un enjeu pou...
Main Author: | |
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Format: | Electronic Article |
Language: | French |
Published: |
2024
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In: |
Criminologie
Year: 2024, Volume: 57, Issue: 2, Pages: 109-134 |
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Summary: | L’espace frontalier égypto-palestinien est marqué par des reconfigurations politiques et territoriales qui résultent en partie de changements de perceptions des régimes égyptiens successifs vis-à-vis de cette zone. En raison de la proximité territoriale, principalement, il est associé à un enjeu pour la sécurité nationale égyptienne et représente une menace en partie construite. Pourtant, la frontière égypto-palestinienne a historiquement été perméable et a constitué un espace d’interactions entre les populations palestiniennes et du Nord Sinaï. La victoire législative du Hamas en 2006 et la prise de contrôle de Gaza par le parti islamiste palestinien en 2007, puis l’arrivée au pouvoir du maréchal al-Sissi, ont entraîné un glissement paradigmatique : le territoire palestinien voisin est désormais exclusivement perçu par le régime égyptien comme un risque intérieur. Dès lors, les acteurs sécuritaires et l’armée égyptienne s’emploient à contenir la proximité avec le territoire palestinien, en déployant des politiques sécuritaires dans la zone frontalière avec la bande de Gaza dans le but de fortifier la frontière. Le point de passage de Rafah, unique sortie pour les Palestiniens de Gaza depuis l’imposition du siège israélien sur l’enclave, s’est ainsi progressivement transformé en verrou, réduisant considérablement la mobilité des Palestiniens de Gaza. Ces derniers sont en outre l’objet d’une industrie migratoire opérée par des acteurs publics et privés égyptiens, lesquels ont développé un commerce lucratif. Les régimes de restrictions et la privatisation croissante de la frontière s’étendent au Nord du Sinaï, territoire qui fait également l’objet d’une sécuritisation. Mots-clés : Espace de proximité, frontière, sécurité nationale, sécuritisation, Égypte, Sinaï, bande de Gaza L’espace frontalier égypto-palestinien est marqué par des reconfigurations politiques et territoriales qui résultent en partie de changements de perceptions des régimes égyptiens successifs vis-à-vis de cette zone. En raison de la proximité territoriale, principalement, il est associé à un enjeu pour la sécurité nationale égyptienne et représente une menace en partie construite. Pourtant, la frontière égypto-palestinienne a historiquement été perméable et a constitué un espace d’interactions entre les populations palestiniennes et du Nord Sinaï. La victoire législative du Hamas en 2006 et la prise de contrôle de Gaza par le parti islamiste palestinien en 2007, puis l’arrivée au pouvoir du maréchal al-Sissi, ont entraîné un glissement paradigmatique : le territoire palestinien voisin est désormais exclusivement perçu par le régime égyptien comme un risque intérieur. Dès lors, les acteurs sécuritaires et l’armée égyptienne s’emploient à contenir la proximité avec le territoire palestinien, en déployant des politiques sécuritaires dans la zone frontalière avec la bande de Gaza dans le but de fortifier la frontière. Le point de passage de Rafah, unique sortie pour les Palestiniens de Gaza depuis l’imposition du siège israélien sur l’enclave, s’est ainsi progressivement transformé en verrou, réduisant considérablement la mobilité des Palestiniens de Gaza. Ces derniers sont en outre l’objet d’une industrie migratoire opérée par des acteurs publics et privés égyptiens, lesquels ont développé un commerce lucratif. Les régimes de restrictions et la privatisation croissante de la frontière s’étendent au Nord du Sinaï, territoire qui fait également l’objet d’une sécuritisation. Mots-clés : Espace de proximité, frontière, sécurité nationale, sécuritisation, Égypte, Sinaï, bande de Gaza The Egyptian-Palestinian border area is marked by political and territorial reconfigurations, partly resulting from shifting perceptions of the area by successive Egyptian regimes. Primarily due to its territorial proximity, it is also regarded as an Egyptian national security issue, representing a partially constructed threat. Despite this, the Egyptian-Palestinian border was historically permeable, providing a space for interaction between the Palestinian and North Sinai populations. The 2006 Hamas legislative victory and the 2007 takeover of Gaza by this Palestinian Islamist party, followed by the arrival in power of Field Marshal al-Sissi in Egypt, however led to a paradigm shift, with the neighbouring Palestinian territory now being exclusively perceived as an internal risk by the Egyptian regime. From then onwards, the Egyptian army and security forces worked to contain their proximity to the Palestinian territory, deploying security policies in the Gaza Strip’s border zone with the objective of fortifying the border. The Rafah crossing, the sole exit for Palestinians from Gaza since the imposition of the Israeli siege on the enclave, has thus gradually been locked down, considerably reducing the mobility of Palestinians from Gaza. Palestinians in Gaza are also subject to a migration industry operated by Egyptian public and private actors, who have developed a lucrative trade. Restrictive regimes and the increasing privatization of the border extend to North Sinai, a territory which is also undergoing a process of securitization. Keywords: Proximity space, border, national security, securitization, Egypt, Sinai, Gaza Strip |
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ISSN: | 1492-1367 |
DOI: | 10.7202/1114786ar |